Les impacts de la rénovation énergétique obligatoire sur la valeur des biens en 2024

Contexte réglementaire de la rénovation énergétique obligatoire en 2024

La rénovation énergétique obligatoire, inscrite dans la loi Climat et Résilience votée en 2021, entre dans une phase décisive en 2024. Son objectif principal est clair : améliorer la performance énergétique des logements en France pour lutter contre le changement climatique. D’un point de vue immobilier, cette régulation modifie considérablement les critères de valorisation d’un bien, notamment en ce qui concerne son étiquette énergétique affichée sur le diagnostic de performance énergétique (DPE).

Dès le 1er janvier 2023, il est interdit de mettre en location des logements classés G, considérés comme des « passoires énergétiques ». En 2025, cette interdiction s’étendra aux biens classés F. Par conséquent, la prise en compte du DPE dans les transactions immobilières devient une donnée capitale, impactant directement la valeur d’un logement.

Influence directe de la performance énergétique sur la valeur des biens immobiliers

En 2024, la performance énergétique est devenue un facteur de pondération centrale dans l’évaluation immobilière. Un bien affichant un DPE de classe A ou B est massivement valorisé car il implique de faibles dépenses énergétiques, un confort thermique optimal, ainsi qu’une conformité totale avec les exigences réglementaires actuelles.

À l’inverse, les biens classés F ou G voient leur valeur potentiellement dépréciée de 10 à 30 %, selon les études menées par les notaires de France et plusieurs fédérations professionnelles. Plusieurs facteurs expliquent cette décote :

  • Obligation de rénovation coûteuse pour être mis en location
  • Moindre attractivité auprès des acquéreurs et investisseurs
  • Difficulté à accéder à un financement bancaire (notamment pour les investisseurs locatifs)

Marché immobilier en 2024 : gagnants et perdants face à la rénovation énergétique

La mise en œuvre des obligations de rénovation énergétique modifie profondément les dynamiques du marché immobilier. Les biens déjà rénovés ou initialement bien classés tirent leur épingle du jeu, alors que d’autres pâtissent d’une désuétude technique et réglementaire.

Type de bien Effet sur la valeur en 2024 Motif principal
Appartement neuf ou BBC (bâtiment basse consommation) Hausse de 5 à 10% Conformité immédiate, faibles charges énergétiques
Maison ancienne rénovée (classe B ou C après travaux) Maintien ou légère hausse Travaux déjà réalisés, pas de contraintes pour la vente
Logement classé F ou G non rénové Baisse de 10 à 30% Obligation de rénovation, financement difficile
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Cette stratification du marché immobilier pousse à une redéfinition des stratégies d’achat et de vente. Les acheteurs cherchent désormais à intégrer le coût potentiel des travaux dans leur plan de financement, réduisant mécaniquement leur budget d’acquisition.

Rénovation énergétique et financement : opportunités et limites

De nombreuses aides publiques sont disponibles pour inciter et accompagner les propriétaires dans leurs démarches de rénovation énergétique : MaPrimeRénov’, Certificats d’économie d’énergie (CEE), Eco-PTZ, ainsi que des dispositifs régionaux et municipaux. Ces aides peuvent représenter jusqu’à 60 % du coût total des travaux, réduisant significativement l’impact financier pour les ménages.

Pourtant, ces dispositifs ne suffisent pas toujours à mobiliser l’ensemble des propriétaires concernés, notamment dans le parc locatif. Les freins principaux identifiés sont :

  • Démarches jugées complexes ou chronophages
  • Montant résiduel des travaux restant élevé
  • Crainte d’une rentabilité affaiblie, surtout en cas de location

Les investisseurs les plus proactifs y voient cependant une opportunité : en achetant des passoires énergétiques à prix réduit et en réalisant les travaux nécessaires, il est possible de créer de la valeur et de bénéficier d’une meilleure rentabilité à terme. Cette stratégie reste néanmoins risquée et exigeante, d’où l’intérêt d’une bonne analyse technique du bien avant tout achat.

Quelles répercussions sur la formation des prix immobiliers locaux ?

La rénovation énergétique obligatoire entraîne une différenciation croissante des prix à l’intérieur même d’un parc immobilier homogène. Là où auparavant la localisation, la superficie et l’état général primaient, le DPE apporte désormais une véritable segmentation dans l’analyse comparative des prix.

Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones tendues comme Paris, Lyon ou Bordeaux, où chaque critère de sélection pèse davantage sur la décision finale de l’acheteur. Certains quartiers voient ainsi émerger une double grille tarifaire :

  • Prix au m² pour les logements bien notés (A, B, C)
  • Prix au m² rectifié incluant une provision pour rénovation pour les logements classés E à G

Ce critère s’impose également dans les communes rurales ou périurbaines : les acheteurs moins enclins à supporter des travaux élevés privilégient les biens conformes. Cela favorise une redynamisation des offres rénovées, parfois au détriment de logements laissés à l’abandon depuis plusieurs années.

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Vers une nouvelle norme d’évaluation immobilière intégrant la performance énergétique

En 2024, les critères d’estimation immobilière traditionnels sont désormais complétés, voire challengés, par les dimensions environnementales. Outre le DPE, les diagnostiqueurs et agences immobilières commencent à prendre en compte :

  • Le coût énergétique annuel prévisionnel
  • La présence ou non d’équipements performants (pompes à chaleur, isolation extérieure, double vitrage, etc.)
  • La capacité du bien à atteindre une note minimale après travaux

Ces indicateurs deviennent cruciaux pour établir une évaluation équilibrée. Ils permettent également d’aligner les exigences des futurs acquéreurs avec la réalité technique du bien. Pour les vendeurs, il est désormais conseillé de faire réaliser un audit énergétique préventif, même en cas de vente d’un logement correcte (classe C ou D), afin d’anticiper les objections ou les argumentations lors de visites ou négociations.

Quels choix pour les propriétaires en 2024 ? Rénovation anticipée ou vente avec décote ?

Les propriétaires de biens classés E, F ou G sont aujourd’hui confrontés à un choix stratégique : engager des travaux de rénovation énergétique ou vendre rapidement en assumant une décote, voire les deux en parallèle. Les propriétaires occupants peuvent être incités par les économies d’énergie futures et l’amélioration du confort. Les bailleurs, quant à eux, doivent envisager leur retour sur investissement.

Face à la montée des exigences réglementaires, une tendance se dessine : la réalisation de travaux en plusieurs étapes. Cela peut se faire suivant un bouquet cohérent : par exemple, commencer par l’isolation (combles, murs, fenêtres), ajouter ensuite un système de chauffage performant, puis installer des équipements de ventilation.

Voici quelques conseils pour les propriétaires qui souhaitent valoriser leur bien :

  • Faire établir un audit énergétique complet
  • Comparer les aides publiques disponibles
  • Entreprendre les travaux les plus rentables immédiatement (ex : isolation thermique)
  • Mettre à jour le DPE après chaque phase de rénovation

En résumé, la rénovation énergétique obligatoire en 2024 agit comme une boussole nouvelle pour les acteurs du marché immobilier. Elle redéfinit les critères de valeur, forge de nouveaux comportements d’achat et redessine l’équilibre entre offre et demande. Un bien performant énergétiquement devient synonyme de qualité, et cette perception risque fort de structurer durablement les transactions immobilières dans les années à venir.

By Henry